télégramme Préfet Marine Oran concernant Charles Perrot. 3ème Bataillon.
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télégramme Préfet Marine Oran concernant Charles Perrot. 3ème Bataillon.
Sous ce télégramme laconique 13 mois et 15 jours d'hôpital le plus souvent couché ou en fauteuil à roulette.
De toutes façons plâtre jusqu'à la hanche pendant 11 mois.
4 juillet 1961, blessé à 23h30, arrivé hôpital Nemours 1h30.
Etat de choc, hémorragique, réanimation.
Jambe gauche fracas multiesquilleux au tibia gauche, délabrement cutané, artère tibiale ligaturée. Nombreux éclats du talon à la cuisse.
Jambe droite plus de 160 éclats du talon à la cuisse, veine saphène sectionnée. (grosse veine de la cuisse)
Pendant 4 mois plaie ouverte suppurante sur le tibia, car morceaux de chaussettes retrouvés à l’intérieur, lors d'une greffe d'os.
Déception à chaque déplâtrage, car il ne se produisait pas de calcification, pendant des mois et des mois.
Passer les samedis et les dimanches seul dans une chambre commune à l'hôpital Ste Anne, car tous les malades sortaient en ville ces jours-là. Voilà les grandes lignes.
Je ne me plains pas, car j'ai eu de la chance, je veux simplement témoigner. Malheureusement ma chance a coûté la vie à Yvon Leclerc, c'est dur à porter, j'y pense souvent. Pourtant je lui ai simplement proposé de prendre ma place à la 7,62, car il avait été debout à la 12,7 pendant presque 2 heures et demi, je croyais bien faire, car nous étions tous solidaires, je ne devrais pas me sentir coupable, mais ce sera au fond de moi jusqu'au bout .....
J'ai aussi eu la chance d' être soigné par de très bons chirurgiens que ce soit à Nemours ou à Ste Anne. Les infirmiers du Patron aux Matelots étaient aussi des gens formidables.
Je ne me plains pas également car j'ai vu des blessés bien plus graves que moi.
J'ai notamment le souvenir du Quartier-maître Salvatori, originaire de Corse, il avait pris une rafale à bout portant en diagonale, du corps jusqu'aux jambes. Il était à Ste Anne, depuis je crois 2 ans ; il avait eu de nombreuses greffes osseuses au tibia. Une première fois on l'avait fait marcher et tout a cassé ! regreffes ..... etc .. au bout de quelques temps tout va à peu près, il part en convalescence en Corse, tout recasse ... Au retour il n'en pouvait plus, il a dit au chirurgien: "coupez-moi la jambe" J'ai encore en-tête l'image de son lit qu'on emmenait au bloc opératoire. J'ai de l'admiration pour Salvatori , c'est un Corse, c'est un Fusilier-marin !
Je n'ai heureusement pas suivi son conseil: " fais-toi couper la jambe, tu seras toujours emmerdé"
Je termine ma confession là-dessus, elle n'a sans doute pas grand intérêt, mais elle me me libérera peut-être un peu.Charles Perrot. 26/09/2012.
De toutes façons plâtre jusqu'à la hanche pendant 11 mois.
4 juillet 1961, blessé à 23h30, arrivé hôpital Nemours 1h30.
Etat de choc, hémorragique, réanimation.
Jambe gauche fracas multiesquilleux au tibia gauche, délabrement cutané, artère tibiale ligaturée. Nombreux éclats du talon à la cuisse.
Jambe droite plus de 160 éclats du talon à la cuisse, veine saphène sectionnée. (grosse veine de la cuisse)
Pendant 4 mois plaie ouverte suppurante sur le tibia, car morceaux de chaussettes retrouvés à l’intérieur, lors d'une greffe d'os.
Déception à chaque déplâtrage, car il ne se produisait pas de calcification, pendant des mois et des mois.
Passer les samedis et les dimanches seul dans une chambre commune à l'hôpital Ste Anne, car tous les malades sortaient en ville ces jours-là. Voilà les grandes lignes.
Je ne me plains pas, car j'ai eu de la chance, je veux simplement témoigner. Malheureusement ma chance a coûté la vie à Yvon Leclerc, c'est dur à porter, j'y pense souvent. Pourtant je lui ai simplement proposé de prendre ma place à la 7,62, car il avait été debout à la 12,7 pendant presque 2 heures et demi, je croyais bien faire, car nous étions tous solidaires, je ne devrais pas me sentir coupable, mais ce sera au fond de moi jusqu'au bout .....
J'ai aussi eu la chance d' être soigné par de très bons chirurgiens que ce soit à Nemours ou à Ste Anne. Les infirmiers du Patron aux Matelots étaient aussi des gens formidables.
Je ne me plains pas également car j'ai vu des blessés bien plus graves que moi.
J'ai notamment le souvenir du Quartier-maître Salvatori, originaire de Corse, il avait pris une rafale à bout portant en diagonale, du corps jusqu'aux jambes. Il était à Ste Anne, depuis je crois 2 ans ; il avait eu de nombreuses greffes osseuses au tibia. Une première fois on l'avait fait marcher et tout a cassé ! regreffes ..... etc .. au bout de quelques temps tout va à peu près, il part en convalescence en Corse, tout recasse ... Au retour il n'en pouvait plus, il a dit au chirurgien: "coupez-moi la jambe" J'ai encore en-tête l'image de son lit qu'on emmenait au bloc opératoire. J'ai de l'admiration pour Salvatori , c'est un Corse, c'est un Fusilier-marin !
Je n'ai heureusement pas suivi son conseil: " fais-toi couper la jambe, tu seras toujours emmerdé"
Je termine ma confession là-dessus, elle n'a sans doute pas grand intérêt, mais elle me me libérera peut-être un peu.Charles Perrot. 26/09/2012.
perrot- Messages : 113
Date d'inscription : 05/10/2010
Localisation : Loire
Monsieur PERROT
Bonjour
Venant de m'inscrire sur le forum de la DBFM, je lis votre texte et je pense que le jour où vous avez été griévement blessé, vous deviez être sur la herse . J'étais médecin lieutenant au RICM à Souani depuis aout 1960. Si je me rappelle bien votre véhicule a été bazooké en descendant dans un petit lit d'oued.
J'ai lu vos différents textes qui me rappellent mon séjour dans ce secteur où nous étions en appui de la DBFM.
Je rédige pour les Anciens et plus jeunes du RICM, ce que j'ai vécu.
J'aurais plaisir à vous lire et échanger nos poinfs de vue.
Bien cordialement
Jean GOASGUEN
Venant de m'inscrire sur le forum de la DBFM, je lis votre texte et je pense que le jour où vous avez été griévement blessé, vous deviez être sur la herse . J'étais médecin lieutenant au RICM à Souani depuis aout 1960. Si je me rappelle bien votre véhicule a été bazooké en descendant dans un petit lit d'oued.
J'ai lu vos différents textes qui me rappellent mon séjour dans ce secteur où nous étions en appui de la DBFM.
Je rédige pour les Anciens et plus jeunes du RICM, ce que j'ai vécu.
J'aurais plaisir à vous lire et échanger nos poinfs de vue.
Bien cordialement
Jean GOASGUEN
GOASGUEN Jean- Messages : 3
Date d'inscription : 02/11/2012
Herse - bazooka -télégramme.
[left] Bonsoir Dr GOASGUEN,
Très heureux de recevoir un message d'un ancien du R.I.C.M. , Régiment le plus décoré de France, il faut le dire.
je crois me souvenir que l'entrée du Poste de SOUANI donnait sur la route Nemours/Marnia.
Vous avez bonne mémoire, c'est bien en herse, en descendant l'oued situé à Tango / Alpha 50 que nous avons été attaqué au bazooka et à l'arme automatique.
La particularité de cet oued 50, c'est que lorsque l' on descendait pour le retour sur NAPO, on présentait l’arrière du véhicule au barrage, car celui-ci faisait un décroché. Il y a longtemps que je me méfiais de cet endroit.
De plus, depuis T.A. 30, qui était notre point de retournement, (que vous voyiez certainement depuis Souani) la Zone derrière le barrage nous surplombait jusqu'à cet oued 50.
Comme vous étiez à Souani vous savez que l'adversaire nous avait déjà accroché à l'oued T.A 40 quelques minutes auparavant (bengalores, plusieurs tirs de bazooka ect ..)
Je vais préciser quelque chose que vous savez certainement déjà, car nous n'avons pas été discret ....... des Postes nous ont entendu. Nous savions que nous "allions y passer" cette nuit, donc dans les passages d' oueds nous avons "interpellé" bruyamment l'adversaire en espérant qu'il se découvrirait par quelques rafales. Peine perdue. De toutes façons avec nos phares et notre projecteur .............
Je veux rendre hommage au courage du Quartier-maître Infirmier DRUELLE, qui est venu à notre secours en pleine nuit, sous le feu, avec son ambulance toute blanche; le Quartier-maître DRUELLE a été tué quelques jours plus tard dans le bazookage de son véhicule, alors qu'il allait encore au secours de blessés.
J'ai raconté cette nuit en détail, sur ce site, avec pour titre: "La dernière patrouille-suicide de la Section-frontière"
Je serais curieux de connaitre le souvenir que vous avez de cet épisode.
J'espère à bientôt. Très cordialement. C. Perrot 07/11/2012.
Très heureux de recevoir un message d'un ancien du R.I.C.M. , Régiment le plus décoré de France, il faut le dire.
je crois me souvenir que l'entrée du Poste de SOUANI donnait sur la route Nemours/Marnia.
Vous avez bonne mémoire, c'est bien en herse, en descendant l'oued situé à Tango / Alpha 50 que nous avons été attaqué au bazooka et à l'arme automatique.
La particularité de cet oued 50, c'est que lorsque l' on descendait pour le retour sur NAPO, on présentait l’arrière du véhicule au barrage, car celui-ci faisait un décroché. Il y a longtemps que je me méfiais de cet endroit.
De plus, depuis T.A. 30, qui était notre point de retournement, (que vous voyiez certainement depuis Souani) la Zone derrière le barrage nous surplombait jusqu'à cet oued 50.
Comme vous étiez à Souani vous savez que l'adversaire nous avait déjà accroché à l'oued T.A 40 quelques minutes auparavant (bengalores, plusieurs tirs de bazooka ect ..)
Je vais préciser quelque chose que vous savez certainement déjà, car nous n'avons pas été discret ....... des Postes nous ont entendu. Nous savions que nous "allions y passer" cette nuit, donc dans les passages d' oueds nous avons "interpellé" bruyamment l'adversaire en espérant qu'il se découvrirait par quelques rafales. Peine perdue. De toutes façons avec nos phares et notre projecteur .............
Je veux rendre hommage au courage du Quartier-maître Infirmier DRUELLE, qui est venu à notre secours en pleine nuit, sous le feu, avec son ambulance toute blanche; le Quartier-maître DRUELLE a été tué quelques jours plus tard dans le bazookage de son véhicule, alors qu'il allait encore au secours de blessés.
J'ai raconté cette nuit en détail, sur ce site, avec pour titre: "La dernière patrouille-suicide de la Section-frontière"
Je serais curieux de connaitre le souvenir que vous avez de cet épisode.
J'espère à bientôt. Très cordialement. C. Perrot 07/11/2012.
perrot- Messages : 113
Date d'inscription : 05/10/2010
Localisation : Loire
Re: télégramme Préfet Marine Oran concernant Charles Perrot. 3ème Bataillon.
Bonjour
Je me souviens trés bien de l'ambulance qui fut bazookée quelques jours aprés vous et au même endroit. J'ai quitté le RICM le 15 juillet 1961 pour rentrer en France et partir OM. Effectivement Souani se trouvait sur la route Marnia- Nemours. On traversait la route et l'on accédait en zone interdite, puisque le poste était entre le barrage électrifié et le 2éme barrage. Nous avons eu une herse ( 1 4X4 ) bazooké avec les 3 hommes quinse trouvaient à bord tués. J'ai été les recherchés.
Comme officiers de marine, nous avons eu de Clarens, puis Bousquet. Je me souviens d'un matelot trans TRUBERT, originaire de Cherbourg où il était marin pêcheur et que j'avais un jour rencontré sur les quais de ce port où je vais souvent.
J'allais souvent dans les postes de la Marine, car le régiment y avait des pelotons d'appui. Je suis souvent passé par Bab El Assa;
J'évacuais mes bléssés sur Nemours, le chirurgien s'appelait Baud.
Où habitez vous. J'ai posé mon sac à Perpignan
A bientot sur la toile.
Bien cordialement
J.Goasguen
Je me souviens trés bien de l'ambulance qui fut bazookée quelques jours aprés vous et au même endroit. J'ai quitté le RICM le 15 juillet 1961 pour rentrer en France et partir OM. Effectivement Souani se trouvait sur la route Marnia- Nemours. On traversait la route et l'on accédait en zone interdite, puisque le poste était entre le barrage électrifié et le 2éme barrage. Nous avons eu une herse ( 1 4X4 ) bazooké avec les 3 hommes quinse trouvaient à bord tués. J'ai été les recherchés.
Comme officiers de marine, nous avons eu de Clarens, puis Bousquet. Je me souviens d'un matelot trans TRUBERT, originaire de Cherbourg où il était marin pêcheur et que j'avais un jour rencontré sur les quais de ce port où je vais souvent.
J'allais souvent dans les postes de la Marine, car le régiment y avait des pelotons d'appui. Je suis souvent passé par Bab El Assa;
J'évacuais mes bléssés sur Nemours, le chirurgien s'appelait Baud.
Où habitez vous. J'ai posé mon sac à Perpignan
A bientot sur la toile.
Bien cordialement
J.Goasguen
GOASGUEN Jean- Messages : 3
Date d'inscription : 02/11/2012
Re: télégramme Préfet Marine Oran concernant Charles Perrot. 3ème Bataillon.
Concernant l'embuscade au cours de laquelle vous avez été griévement blessé, je vous répondrai plus tard, mais je m'en souviens trés bien, étant passé par là le lendemain aprés-midi.
Trés cordialement
Goasguen Jean
Trés cordialement
Goasguen Jean
GOASGUEN Jean- Messages : 3
Date d'inscription : 02/11/2012
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