SIROCCO Retrouvailles avec mon Camarade Jean-Claude GREMERET / Cdo Montfort, tué le 21 avril 1961.
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SIROCCO Retrouvailles avec mon Camarade Jean-Claude GREMERET / Cdo Montfort, tué le 21 avril 1961.
Retrouvailles à SIROCO de mon ami d’enfance, Jean-Claude GREMERET / Cdo Montfort, tué en avril 1961.
En 1950 j’avais 10 ans, mon père travaillait à la SNCF, et cette Entreprise offrait des visites médicales aux enfants de ses employés. Nous logions il faut bien le dire dans des conditions déplorables (Les HLM si décriées aujourd’hui nous auraient parus des palaces) je ne rappellerai pas les privations de nourriture, pendant et après la guerre. Toujours est-il que l’Assistante sociale a proposé que ma sœur et moi-même allions passer 3 mois le bord de la Méditerranée.
Nous sommes arrivés dans le Var, au Pradet, dans une magnifique demeure, située au cœur d’ un parc démesuré, avec une crique inaccessible par la terre….
Cette bâtisse, « ROCABELLA » vraiment luxueuse, avait été construite à la fin du XIX ème siècle par un riche armateur anglais (1) Nous allions à l’école communale du Pradet . Tellement heureux que nous avons
fait des pieds et des mains pour rempiler 3 mois de plus. Donc nous sommes restés 6 mois .
Certaines de nos Cheftaines fricotaient avec des Marins …….. ce qui a fait qu’un jour elles nous ont emmené à pied jusqu’à Toulon (2) et nous avons eu droit de monter à bord de 2 rafiots : le Suffren et le Lorraine.
A partir de ce jour ça a été la folie. On arrachait l’écorce des pins centenaires pour tailler des bateaux dedans, on les promenait au bout d’une ficelle. Pour nous tous les cargos à l’horizon étaient des bateaux de guerre.
« Quand je serais grand, j’irai dans la Marine ! » était le mot d’ordre. A ma connaissance au moins 5 ont porté le pompon rouge. Un des plus mordus était Jean-Claude GREMERET.
Le temps étant venu, je me rends à la Gendarmerie pour devancer l’Appel ; le gendarme qui me reçoit est un Ancien Marin. «Tu veux être canonnier ! tu vas gratter la peinture toute la journée ! demande les Fusiliers, tu en baveras un peu au début, mais après tes 14 mois d’Algérie , tu seras prioritaire pour embarquer » QUE D’ILLUSIONS ! ! ! !
Hourtin puis Siroco -Batiment Ronar’ch .
Queue à la coopérative, tout le monde avait son badge (3) . Je lis : Grémeret ! Un grand gaillard qui ne me rappelait pas du tout mon petit copain d’enfance. Au culot je dis : « tu habites 21, Cité de Plumon à Dole » (4) « Tu me connais ? » « Oui, Rocabella – Perrot !»
Ce jour-là ce n’est pas un copain que j’ai retrouvé c’est un frère.
Il faisait son stage Commando, il m’a présenté à ses camarades ; ils couchaient sous la tente, on a beaucoup parlé bien sûr. Je suis retourné le voir plusieurs fois, mais ce n’était pas facile, car à Siroco on avait pas le temps de s’ennuyer. !
Et puis nos routes se sont séparées, il est parti au Commando Montfort, et moi au 3ème Bataillon .
J’ai malheureusement appris par Louis Curé qui était au même Commando, que Jean-Claude avait trouvé une mort héroïque lors de l’accrochage du 21 avril 1961.
Dans les années 1970, je suis allé à Dole, il m’est arrivé une chose extraordinaire : je suis allé jusqu’à l’ancienne
adresse de sa famille directement comme si j’étais dirigé, ou comme instinctivement. Sans plan, sans demander, je me suis senti guidé.
Ce qui est encore plus bizarre, c’est que j’ai reconnu les lieux comme Jean-Claude me les avez décrits à l’âge de 10 ans.Il m’ avait parlé à l’époque avec nostalgie, même avec tristesse,de sa petite copine dont la mère tenait le café-épicerie de l’autre côté de la rue, de ses copains avec qui il discutait sur le bord du trottoir.
D’ailleurs je les ai rencontré dans le café , même sa petite fiancée d’enfance. Ils m’ont dit leur douleur, et le Camarade qu’il était. - Jean-Claude GREMERET, 20 ans, repose dans le Carré Militaire du Cimetière de Dole.-
Charles Perrot. 09.02.2011.
(1) La propriété a été partagée, mais on peut voir sur la route qui va du Pont de la Clue à Toulon en passant par Ste Marguerite, sur le côté gauche, un très beau et monumental portail en fer forgé d’époque, avec des motifs « Marine » Canons, Ancres etc ….
(2) Le stade Mayol était en construction, les immeubles du Port civil étaient une marée de ruines.
(3) Le badge était la barrette des cartouches du Mas 36-51.
(4) Dans les années 1970 la famille n’habitait déjà plus à cette adresse.
En 1950 j’avais 10 ans, mon père travaillait à la SNCF, et cette Entreprise offrait des visites médicales aux enfants de ses employés. Nous logions il faut bien le dire dans des conditions déplorables (Les HLM si décriées aujourd’hui nous auraient parus des palaces) je ne rappellerai pas les privations de nourriture, pendant et après la guerre. Toujours est-il que l’Assistante sociale a proposé que ma sœur et moi-même allions passer 3 mois le bord de la Méditerranée.
Nous sommes arrivés dans le Var, au Pradet, dans une magnifique demeure, située au cœur d’ un parc démesuré, avec une crique inaccessible par la terre….
Cette bâtisse, « ROCABELLA » vraiment luxueuse, avait été construite à la fin du XIX ème siècle par un riche armateur anglais (1) Nous allions à l’école communale du Pradet . Tellement heureux que nous avons
fait des pieds et des mains pour rempiler 3 mois de plus. Donc nous sommes restés 6 mois .
Certaines de nos Cheftaines fricotaient avec des Marins …….. ce qui a fait qu’un jour elles nous ont emmené à pied jusqu’à Toulon (2) et nous avons eu droit de monter à bord de 2 rafiots : le Suffren et le Lorraine.
A partir de ce jour ça a été la folie. On arrachait l’écorce des pins centenaires pour tailler des bateaux dedans, on les promenait au bout d’une ficelle. Pour nous tous les cargos à l’horizon étaient des bateaux de guerre.
« Quand je serais grand, j’irai dans la Marine ! » était le mot d’ordre. A ma connaissance au moins 5 ont porté le pompon rouge. Un des plus mordus était Jean-Claude GREMERET.
Le temps étant venu, je me rends à la Gendarmerie pour devancer l’Appel ; le gendarme qui me reçoit est un Ancien Marin. «Tu veux être canonnier ! tu vas gratter la peinture toute la journée ! demande les Fusiliers, tu en baveras un peu au début, mais après tes 14 mois d’Algérie , tu seras prioritaire pour embarquer » QUE D’ILLUSIONS ! ! ! !
Hourtin puis Siroco -Batiment Ronar’ch .
Queue à la coopérative, tout le monde avait son badge (3) . Je lis : Grémeret ! Un grand gaillard qui ne me rappelait pas du tout mon petit copain d’enfance. Au culot je dis : « tu habites 21, Cité de Plumon à Dole » (4) « Tu me connais ? » « Oui, Rocabella – Perrot !»
Ce jour-là ce n’est pas un copain que j’ai retrouvé c’est un frère.
Il faisait son stage Commando, il m’a présenté à ses camarades ; ils couchaient sous la tente, on a beaucoup parlé bien sûr. Je suis retourné le voir plusieurs fois, mais ce n’était pas facile, car à Siroco on avait pas le temps de s’ennuyer. !
Et puis nos routes se sont séparées, il est parti au Commando Montfort, et moi au 3ème Bataillon .
J’ai malheureusement appris par Louis Curé qui était au même Commando, que Jean-Claude avait trouvé une mort héroïque lors de l’accrochage du 21 avril 1961.
Dans les années 1970, je suis allé à Dole, il m’est arrivé une chose extraordinaire : je suis allé jusqu’à l’ancienne
adresse de sa famille directement comme si j’étais dirigé, ou comme instinctivement. Sans plan, sans demander, je me suis senti guidé.
Ce qui est encore plus bizarre, c’est que j’ai reconnu les lieux comme Jean-Claude me les avez décrits à l’âge de 10 ans.Il m’ avait parlé à l’époque avec nostalgie, même avec tristesse,de sa petite copine dont la mère tenait le café-épicerie de l’autre côté de la rue, de ses copains avec qui il discutait sur le bord du trottoir.
D’ailleurs je les ai rencontré dans le café , même sa petite fiancée d’enfance. Ils m’ont dit leur douleur, et le Camarade qu’il était. - Jean-Claude GREMERET, 20 ans, repose dans le Carré Militaire du Cimetière de Dole.-
Charles Perrot. 09.02.2011.
(1) La propriété a été partagée, mais on peut voir sur la route qui va du Pont de la Clue à Toulon en passant par Ste Marguerite, sur le côté gauche, un très beau et monumental portail en fer forgé d’époque, avec des motifs « Marine » Canons, Ancres etc ….
(2) Le stade Mayol était en construction, les immeubles du Port civil étaient une marée de ruines.
(3) Le badge était la barrette des cartouches du Mas 36-51.
(4) Dans les années 1970 la famille n’habitait déjà plus à cette adresse.
perrot- Messages : 113
Date d'inscription : 05/10/2010
Localisation : Loire
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