AIN-SEFRA

Partis du poste d'AZZOUNA depuis quatre semaines, nous étions à coté d' AIN-SEFFRA dans le Djebel Aîssa.
Le 19 Juin 1959, après un super crapahut, au lever du jour nous étions en haut d'une montagne. Nous avons reçu l'ordre de descendre dans une cuvette en dessous de nous.Le terrain était très abrupt, mais nous savions que c'était la dernière "ope", retrouver notre poste d'AZZOUNA, les banettes et manger autre chose que les rations, nous donnait la pêche.
En bas sur un terrain il y avait des rochers, des petits buissons et de l'alfa, le Second Maître BEAUMONT ainsi que le Matelot MALAQUIN étaient en éclaireurs de pointe. J'avais comme arme un fusil mitrailleur et mon pourvoyeur était le matelot Hamon, nous les suivions à une vingtaine de mètres .
Soudain, il y a eu deux Moudjahids devant nous, après avoir couru et laché quelques rafales, le silence était revenu. Les deux gars qui nous avaient attirés avaient fait leur boulot, car nous étions passé à coté d'une trentaine de types. Le Quartier Maître Chef KERDUDO, mon chef de pièce, qui nous avait rejoint, me plaçait en direction du haut de la montagne, et lui décidait d'aller au devant du reste de la section. Il débusqua alors un ennemi qui lui lacha une rafale, ce fut le premier tué, un déluge de feu se déclencha à ce moment précis. Comme tireur FM j'étais pris comme cible (chaud)
Certains copains étaient parvenus à me rejoindre, il y eu le Quartier Maître Chef SIGOREL qui se trouvait à une dizaine de mètres à ma droite, je le voyais envoyer ses grenades à fusils avec son "lance patates" , et se faire tuer .Le troisième tué fut le Matelot FAGOT (radio), très proche de moi, il était blessé et avait une balle dans l'artère de la jambe.
Le Matelot ANQUETIL, pourvoyeur de l'autre pièce après avoir pris une balle dans la cheville a eu sa musette de chargeurs qui a explosée, car le feu dans l'alfa nous avait rejoint.
Pendant six heures entrecoupées de silence de mort et de reprise de la mitraille, voilà ce que fut cette journée du 19 JUIN 1959
Je continue la liste le mes camarades victimes, le Second Maître BEAUMONT, le Matelot SPARAPAN, le Matelot GUSTIN , et le Matelot LEGOFF .
Jean-Pierre

Pour conclure mon récit, il est vrai que si la Légion Etrangère n'était pas venue en renfort nous ne pouvions que fixer les quelques Moudjahids encore en mesure de nous canarder comment cela se serait terminé??
Mas le peu de gars qui restaient, nous sommes avec la Légion montés à l'assaut .
A ce jour je suis allé sur toutes les sépultures, j'ai aussi renseigné le site Mémorial de GEN-WEB vous pouvez y jeter un oeil.
JP

Ce jour là il y a eu chez nous Huit tués, deux blessés, l'aspirant LEFRANC avec une balle dans la gorge, le Matelot NOIRMAIN avec une balle dans le dos, un infiirmier qui était descendu la montagne avant la Légion, el un Légionnaire de tué. (La Légion avait des lances flammes)

Chez les Moudjahids , 24 tués et 6 prisonniers.

Il y eu une cérémonie deux jours après, dans un fort de la Légion à AIN-SEFRA, un GMC par cercueil, ma dernière vision et ce wagon de fret qui emmenait mes copains.

Nous sommes rentrés à AZZOUNA, pour le 6 Juillet 1959, repartir avec le BATAILLON d'INTERVENTION .
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Le but de mon récit est de souligner, combien cette guerre était moche.
Un grand respect aux combattants des deux bords et rendre hommage à ces hommes si courageux.
Ne pas oublier effectivement, pour que nos enfants ne subissent pas le même épisode dans leur vie.

Ton récit est très poignant Jean-Pierre, et il témoigne de « l’enfer » que tu as vécu pendant 6 longues heures, avec les copains qui étaient avec toi. J’en connaissais quelques uns, et tout spécialement ANQUETIL, avec qui j’avais été à "Siroco", à « la Plage du Sel », et enfin à « Azzouna », où là nous n’étions plus dans la même section.
Je voulais témoigner ici du courage qu’il t’a fallu avoir au feu, dans de telles circonstances.
Je viens t'exprimer tout simplement mon amitié, à travers ces quelques lignes, nous qui nous sommes aperçus une fois sur le terrain, dans le secteur "d’Azzouna", dans des conditions très particulières….. (comme tu t’en es rappelé plusieurs dizaines d’années après).

Roger 05

de la GATINAIS matricule 10 145 t59 en poste DBFM AZZOUNA fevrier 59 mers 60
JE ME SOUVIENS COMME SI C'ETAIT HIER DE L'ARRIVEE SUR AIN SEFRA DU DERNIER BIVOUAC PRES DE LA LEGION DU DEPART TRES TOT DU CRAPAHUT A L'AUBE DU PREMIER COUP DE FEU AU LEVER DU SOLIEL JUSQUA L'ASSAUT DU 2 ETRANGER NOUS ETIONS A MI PENTE A ENVIR 80 METRS DE LA SECTION DE JP LABLANCHE AVEC UNE VISION TERRIBLE
SUR LA SECTION DE JP LABLANCHE NOUS ETIONS FIXES AU SOL SANS POUVOIR BOUGER CA TIRAIT DE PARTOUT TOUTE CETTE SECTION ENCERCLEE DANS L'ALPHA EN FEU JUSQU'AU MILIEU DE LA JOURNEE LE SORT DE LA SECTION DE JP LABLANCHE N'ETAIT PAS ENVIABLE !!!! CAR POUR EUX IMPOSSIBLE D'AVOIR UNE VISION DE PLUS DE 10 METRES TANT IL Y AVAIT D'ALPHA EN MEMOIRE AUSSI TOUS CES CERCUEILS ALIGNES POUR LA PRESNTATION DES ARMES
JP LABLANCHE AURAIT IL LA GETILLESSE DE ME CONTACTER UN GRAND MERCI PAR AVANCE J'AIMERAIS AUSSI AVOIR DES NOUVELLES DE TOIS COPAINS QUI ETAIENT AVEC NOUS CE JOUR LA JE NE ME SOUVIENS PLUS DES PRENOMS
DANIEL--- GOYENAGA (S OUEST ) DENIEUL (CAEN ?)
MON MAIL BR.DELAGATINAIS@GMAIL.COM PORT 06 09 15 55 18

Après 52 ans de recherches, j'ai le 16 août 2011 retrouvé mon camarade Noirmain.
Bléssé le 19 juin lors de l'accrochage à Aîn-Sefra, une balle "doum-doum " dans le dos qui lui a laissée une cicatrice de 40 centimètres sur 5 centimètres.
Mon devoir de mémoire a évolué.........