Baisse de moral.

Je me trouvais à mi-séjour, donc nous devions être entre le 10 et le 15 aoüt 61. Je ne sais pour quelle occasion, mais ce jour là je déambulais dans les rues de Nemours. Je n'avais aucun but précis et je n'ai aucun souvenir de qui pouvait m'accompagner.

Bref, mes pas me conduisirent sur le port de Nemours et j'ai très vite compris qu'il y avait une animation un peu particulière. Je m'avance encore un peu et là je vois la "Baïse" sur le point d'appareiller. Sur le quai, bon nombre de spectateurs font des grands gestes et sur le pont, les passagers répondent. Je suis arrivé juste au moment où la relève d'août regagnait la Métropole.

Le bâtiment commence a quitter le quai et à ce moment arrive un "chouf" appartenant à l'équipage de la "Baïse". Il fait de grands gestes en direction de l'équipe de manoeuvre signalant son intention de regagner le bord. La manoeuvre de départ étant engagée, plus qu'une seule solution à envisager que notre lascard prend au vol. Prenant son élan, il s'accroche et s'installe sur la dernière défence que les matelots remontaient. Il a ainsi regagné le pont sous les hourras de tout le monde.

Ce spectacle terminé et la "Baïse" gagnant déjà le large, je repris le chemin du centre ville mais d'un seul coup d'un seul, je fus pris d'un coup de "blues" terrible et c'est presque avec joie que je suis rentré au poste et pris mon service cette nuit là. A compter de ce jour, je me suis juré de ne jamais me trouver à Nemours un jour de relève ou alors de ne pas me rendre sur le port.
Après en avoir parlé avec les copains , nous nous sommes rendus à l'évidence que malgré la situation, nous avions un peu de chance car notre séjour dans le bled, à quelques jours prés, était bien prévu et nous connaissions la date de notre retour. Chose que nos camarades biffins ne pouvaient pas envisager car posant le pied en Algérie sans jamais connaître la longueur de leur séjour et ce quelque soit leur unité.